Disney et le monde de la fête : Eisner’s Pleasure Island (2/2)

Nous vous avions laissés à Anaheim, et il est à présent temps de traverser le continent, et d’avancer de cinq ans. Disneyland est remis à flot. C’est maintenant au tour de Walt Disney World Resort de vivre une mue, au travers de sa « Disney Decade ». L’ont peut dire que la journée du 1er Mai 1989 fut historiquement chargée pour la destination Floridienne. Elle connut ce jour là l’ouverture d’un parc à thèmes, les Disney-MGM Studios, et d’un complexe de divertissement nocturne : Pleasure Island ! Si le premier subsiste (plus ou moins…) encore aujourd’hui, ce n’est pas le cas du second. Découvrons ensemble l’histoire fascinante de Pleasure Island, joyau thématique de Downtown Disney !

Logo du Disney Village Marketplace

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Démarche habituelle de Walt Disney Imagineering sous l’ère Eisner, le copier-coller de ce qui fonctionne ailleurs, mais à la sauce Disney n’épargna pas le Resort de la côte Est. A vrai dire, il concerne près de la moitié des équipements actuels de la destination. Pour Pleasure Island, ce le succès de Videopolis en Californie. Mais aussi, voire surtout celui des boites de nuit de Church Street, à Orlando. A cette époque, le Disney Village Marketplace (actuel Disney Springs) était en perte de Vitesse. De plus, Eisner souhaitait adapter une partie de son produit aux adultes. Tous ces points permirent à Pleasure Island d’être réalisé, bien que sa pertinence dans un Resort Disney soit discutable.

Ensigne située au-dessus de West End Stage

En effet, un centre de divertissement nocturne destiné aux adultes n’était, au premier abord, pas ce à quoi le public de la destination s’attendait. Pourtant, la réception était positive. En effet, Disney ne s’était pas contenté de copier ce qui se faisait ailleurs. Pleasure Island, en plus d’offrir une grande variété d’activités qualitatives, proposait ce que Disney savait faire de mieux. Il racontait une histoire !

Une histoire un brin loufoque…

L’histoire de Pleasure Island ne s’offre pas au premier venu. Elle est complexe, intéressante, drôle, et bien écrite. Mais ici, pas de grosses ficelles du type « Le fantôme des lieux se fera un plaisir de vous y aider. » -> « Chers visiteurs, soyez avisés qu’il y a un fantôme, merci de l’intégrer. ». Le mythe de Pleasure Island se transcrit en effet par le biais de 26 plaques explicatives. Ces dernières, rédigées par la fictive Société Historique de Pleasure Island, nous racontent l’histoire non moins fictive de Merriweather Adam Pleasure. Celui-ci, propriétaire de l’île, est une personne pour le moins… Loufoque !

Plaque explicative présente à l’entrée de Pleasure Island

Ayant acquis l’île en 1911, Pleasure est un inventeur un peu fou, et à la famille pour le moins singulière. Il fera de l’île un lieu de vie des plus agréable pour lui et ses proches, en particulier sa femme. Trente année après son rachat de l’île, Merriweather Adam Pleasure disparaîtra en antarctique. Ses enfants reprendront la gestion de l’île, et de la société familiale. Malheureusement, une gestion calamiteuse la mèneront à la banqueroute en 1955, en même temps que l’ouragan Connie frappa l’île. Cette dernière fut re-découverte par des archéologues en 1987. Et fait unique pour une story-line Disney, la compagnie est inclue dans la diégèse de Pleasure Island. C’est en effet elle, dans l’histoire, et dans la réalité, qui a fait de Pleasure Island le lieu de divertissement qu’elle était.

Des clubs variés, et variables

Le coeur de Pleasure Island était bien entendu la grande quantité de « Clubs » qui y étaient présents. De nombreux changements eurent lieu sur les Clubs en question. Beaucoup conduirent à une altération de l’histoire fictive du lieu, ainsi qu’à son ambiance. Star Wars Hyperspace Mountain avant l’heure en quelques sortes…

Videopolis East

Directement inspiré de son homologue de l’Ouest à Disneyland Resort, Videopolis East était une expérience dédiée aux jeunes. Réservé aux moins de 21 ans, et ne servant pas d’alcool, la boîte de nuit était décorée de 170 écrans. Ce fut l’un des premiers clubs à fermer ses portes,

XZFR Rockin’ Rollerdrome

Lieu dédié à la pratique du patin à roulettes, ce club est l’exemple typique du bon concept qui est en fait une mauvaise idée. Mettre des centaines de personnes alcoolisées sur une piste… Équipées de patins à roulettes, après une grande journée dans les parcs. La méthode idéale pour engendrer de nombreux accidents ! La durée de vie du club fut inversement proportionnelle à la dangerosité de son concept.

Neon Armadillo

Cet établissement à l’emblème aussi étrange que purement américain, était spécialisé dans la musique Country. Les habitués de ce lieu ne seraient pas déboussolés par une visite au Billi Bob’s Country Western Saloon du Disney Village Parisien, puisqu’une ambiance similaire y est cultivée. Le club proposait en effet des leçons de danse plusieurs fois par semaine, et était l’un des lieux les plus conviviaux de l’île. Pourtant, il ferma ses portes en 1998.

Comedy Warehouse

Pleasure Island ne proposait pas seulement de danser, ou de faire du roller. Nous sommes ici face à l’un des trois clubs qui sont restés ouverts de 1989 à 2008, année de fermeture de tous les clubs de l’île. Temple de l’improvisation, cet établissement, ouvert aux publics de tous âges, était prisé des habitués de Pleasure Island. Sa troupe lui survécut d’ailleurs, et des représentations eurent lieu aux Disney Hollywood Studios de 2011 à 2016.

Mannequin’s Dance Palace

LE dancefloor de Pleasure Island. Durant toute la durée de vie de Pleasure Island, Mannequin’s était le lieu prisé de tous les amateurs de danse, et de fêtes endiablées. Avec son immense piste de danse rotative, ses jeux de lumière, et ses danseurs aux allures de mannequins futuristes, cet établissement ne faisait rien comme les autres.

Le Joyau de Pleasure Island

Les plus connaisseurs d’entre vous auront remarqué l’absence d’un club dans la partie précédente, et pour cause ! Pleasure Island possédait un autre établissement, qui survécut jusqu’à la fermeture du district, et même au delà. The Adventurers Club ! Tout comme l’Explorers Club de Disneyland Paris, ce lieu se voulait être un point de rencontre pour les explorateurs de tous horizons. Le soin apporté au détail, et à la mise en valeur de l’histoire de Pleasure Island y était encore plus poussé qu’ailleurs. Offrant de nombreux spectacles, animations, et interactions avec les décors, ce lieu avait sa clientèle habituée. Il était un point incontournable de Downtown Disney.

Salle principale de l’Adventurers Club

Réparti sur plusieurs étages, et sur plusieurs salles aux ambiances différentes, l’Adventurers Club était un endroit fascinant, reposant, et amusant. De l’Entertainment adapté à toute la famille, pas seulement aux enfants. Quiconque a un jour siroté un Kungaloosh, tout en regardant une séquences d’improvisation de la troupe de l’Adventurer’s Club ne peut qu’en garder un souvenir ému. Le lieu ferma au grand public en 2008, et fut utilisé pour des événements privés jusqu’en 2010, année de sa destruction. Mais de nombreuses traces en sont encore visibles. En premier lieu, le mythe de la S.E.A, qui puise son ambiance dans ce club, et ses racines dans Pleasure Island. Plus concrètement si vous déjeunez à l’Explorer’s Club de Mystic Point, à Hong Kong Disneyland, vous pourrez admirer de nombreux objets ayant constitué la décoration de l’Adventurer’s Club.

Les raisons de la fermeture de Pleasure Island

La raison de la fermeture, et même de l’ouverture de Pleasure Island tient en deux mots : Michael Eisner. Pleasure Island est en effet un pur produit du début de l’ère Eisner ! Ambitieux, proposant une histoire développée, et visant les adolescents, et les adultes. La proposition de Pleasure Island, toute inattendue qu’elle était dans un Resort Disney, a su séduire le public des années 90. Cependant, à force de vouloir se réinventer, le concept se mit à battre de l’aile. La gratuité de l’accès à l’île, et le durcissement des lois sur l’âge d’accès aux boîtes de nuit en 2007 eurent raison de Pleasure Island. Quoique…

Michael Eisner, C.E.O de The Walt Disney Company de 1984 à 2005

Si l’on y regarde de plus près, la fermeture de Pleasure Island coïncide avec le départ de Michael Eisner de la firme aux grandes oreilles. Avec l’arrivée de Bob Iger, ce concept écorné n’avait tout simplement plus sa place dans un Resort Disney. Il en fut d’ailleurs pour feu Hurricances, la boîte de nuit de Festival Disney / Disney Village. Cette dernière ferma ses portes en 2010, entérinant un peu plus la crise existentielle que vit le centre du Disney Village. Si cette fermeture se fit dans l’indifférence générale, ce ne fut pas le cas de celle de Pleasure Island. Le dernier soit, la capacité d’accueil de l’île fut atteinte. Les habitués, anciennes troupes, et Cast Members furent au rendez-vous. Le dernier feu d’artifice du nouvel an, que l’on fêtait tous les soirs (jusqu’à son arrêt quatre ans plus tard…) fut tiré. Le lendemain, Pleasure Island n’était plus…

Sommaire :

Pour revenir à la première partie de notre dossier consacré à la fête nocturne chez Disney, c’est par ici !

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